Le WWF tire la sonnette d’alarme: l’industrie veut exploiter des mines sous la mer

Des entreprises se préparent à exploiter commercialement les fonds marins dans des zones encore intactes de la planète. Selon l’industrie, franchir ce pas est nécessaire pour couvrir la demande en métaux et minéraux. Dans son nouveau rapport, le WWF montre les immenses conséquences écologiques et sociales qui en résulteraient. Surtout qu’il est possible de faire autrement.

L’industrie envisage de creuser les fonds sous-marins à plus de 200 mètres de profondeur, afin d’en extraire des métaux et des minéraux comme le cobalt, le lithium et le nickel destinés à produire par exemple des batteries utilisées dans les appareils électroniques. Or, ces plans d’exploitation minière des océans auront des effets destructeurs sur les écosystèmes, la diversité des espèces ou la sécurité alimentaire de milliards de personnes. C’est ce que montre le rapport publié aujourd’hui par le WWF, In Too Deep: What We Know, And Don’t Know.

Cette étude expose les principaux risques écologiques et sociaux de l’exploitation minière sous-marine: outre la perte d’habitats et l’impact sur les fonds marins provoqué par la présence de métaux toxiques, l’activité halieutique mondiale en pâtirait également, menaçant la principale source de protéines de près d’un milliard de personnes et les ressources vitales de quelque 200 millions d’individus, dont une majorité dans les communautés côtières les plus pauvres.

Le WWF veut un moratoire mondial sur l’exploitation minière des fonds marins tant que les risques écologiques, sociaux et économiques ne sont pas compris dans leur globalité. Ce moratoire doit se poursuivre aussi longtemps que toutes les solutions de remplacement pour obtenir des minéraux ne sont pas exploitées et qu’il n’est pas clairement prouvé que l’exploitation minière sous-marine garantit la protection du milieu aquatique et ne provoque pas la disparition des espèces qui y vivent.

La valeur potentielle de l’exploitation des fonds marins est évaluée entre 2 et 20 milliards de dollars américains. C’est une infime fraction de l’exploitation marine durable, nettement plus précieuse, dont la valeur est prudemment estimée entre 1,5 et 2,4 milliards de dollars US par année, et dont profitent de nombreux Etats et communautés vivant sur les côtes.

Citations de Jessica Battle, responsable de l’initiative du WWF «No Deep Seabed Mining»:

«L’industrie veut nous faire croire que l’exploitation minière des fonds sous-marins est nécessaire pour répondre à la demande de minéraux utilisés pour produire les piles de nos appareils électroniques.»

«Si nous misons sur des innovations et que nous choisissons d’utiliser des produits et des processus moins gourmands en ressources, nous n’avons pas à détruire les océans. Les investisseurs doivent rechercher les solutions innovantes et créer une véritable économie circulaire, qui atténue la nécessité de voler à la terre toutes les ressources qu’elle abrite.»

«L’industrie suisse profite aussi financièrement de l’exploitation des forages en mer», affirme Alice Eymard-Duvernay, responsable du dossier Mers au WWF Suisse. Compte tenu de la lenteur des processus au fond des océans, il est improbable que les habitats détruits par de telles interventions humaines puissent se régénérer sur une période qui s’inscrirait dans l’échelle de nos existences. Les écosystèmes marins dépendent les uns des autres et de nombreuses espèces qui y vivent ont pour habitude de migrer.

Avant d’autoriser ce genre d’activités invasives, il est indispensable de clarifier de nombreuses inconnues. Soutenir l’exploitation des fonds sous-marins en qualité d’industrie irait par ailleurs à l’encontre d’une transition vers une économie circulaire et des objectifs de l’Agenda 2030 des Nations Unies. Le WWF s’engage pour un changement vers une économie «bleue» plus durable, qui offre des avantages sociaux et économiques aux générations actuelles et futures. Car un changement est nécessaire pour restaurer, protéger et préserver la diversité, la productivité et la résilience des écosystèmes marins sur la base des technologies propres, des énergies renouvelables et des flux de matériaux circulaires.

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