Les peurs féminines dans les transports en commun

Alors qu’une politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes émerge à la toute fin du XXe siècle, un paradoxe subsiste : les femmes ont plus peur que les hommes, alors même que les statistiques officielles révèlent qu’elles sont moins victimes – les hommes le sont davantage.

Pour lever le voile sur les violences subies par les femmes, des dispositifs dédiés s’institutionnalisent dans le paysage scientifique et politique. En effet, nommer et comptabiliser ces violences (psychologiques, physiques ou sexuelles) permet d’agir. Les résultats proposés ici s’inscrivent dans la même logique, ils s’attachent à mieux comprendre le sentiment d’insécurité des femmes dans les transports franciliens afin d’agir efficacement.

Extraits :

Les craintes varient fortement selon les sites, à l’exception de la peur de l’agression sexuelle, qui est assez homogène. À Paris et en petite couronne, on recense des peurs liées aux conditions de circulation surtout à l’ouest : voyager dans une rame bondée ou déserte est vecteur d’insécurité personnelle. De même, le cœur de la région concentre les peurs liées aux interactions perçues comme désagréables, notamment dans les métros de l’hypercentre, et à la présence de désordres sociaux 

Sur le réseau ferré, les craintes sont différentes selon les tranches horaires. Tôt le matin, la première crainte féminine est l’agression verbale, alors qu’au cours de la matinée puis de la journée, la peur du vol sans violence occupe la première place. De 20h30 à 22h30, les craintes à caractère sexuel prennent le dessus, suivies de la crainte du vol violent (4 points d’écart). Après 22h30, une peur sur quatre concerne le harcèlement sexuel.

Être une femme dans les transports collectifs n’est pas anodin. Néanmoins, les résultats présentés ici permettent d’aller au-delà de l’évident décalage entre les deux sexes: plus les répondants sont apeurés, plus les différences sexuées s’estompent.

La présence humaine s’impose comme le dispositif le plus rassurant chez les hommes comme chez les femmes. Les écarts sexués sont globalement ténus. La descente à la demande dans les bus fait figure d’exception : proportionnellement aux hommes, les femmes sont deux fois plus nombreuses à plébisciter ce dispositif.

La Note rapide à lire ICI

L’ENQUÊTE «SENTIMENT D’INSÉCURITÉ DANS LES TRANSPORTS COLLECTIFS FRANCILIENS» publiée par L’Institut Paris Region en septembre 2020 permet une meilleure compréhension de l’insécurité personnelle (pour soi et/ou pour les autres) dans les transports d’Île-de-France. Elle a pour cible les personnes qui utilisent régulièrement les transports en commun. Pour ce faire, le questionnaire a été adressé par courriel aux abonnés Navigo annuel et Imagine R majeurs. Un échantillon de plus de 50 000 enquêtés a ainsi été constitué. Les résultats obtenus permettent de mettre en rapport perceptions des usagers sur les transports, récurrence de la peur, vulnérabilité et capacité à faire face aux risques – avec des comportements et des tactiques pour les contourner –, et enfin opinions politiques.

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