19 novembre 2011 : Journée Mondiale des Toilettes


Assainissement pour tous : Des avancées, mais il reste tant à faire…

2,2 millions de morts par an dans le monde dont une majorité d’enfants: voilà le bilan meurtrier d’une maladie pourtant commune, la diarrhée[1]. En cause : le manque d’assainissement, d’accès à l’eau potable, de bonnes pratiques d’hygiène. Si la diarrhée demeure un enjeu de santé publique majeur, étant la première cause de mortalité infantile (enfants de moins de 5 ans) à égalité avec la pneumonie, il est désormais reconnu qu’elle a également un coût économique et social très important. Pourtant des solutions simples existent et des pays ont d’ores et déjà atteint les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour l’assainissement, prouvant qu’ils sont atteignables.

Diarrhées, poliomyélite, hépatite A, typhoïdes, infections parasitaires… : ces maladies sont étroitement associées au manque d’assainissement et d’hygiène, une réalité pour plus d’une personne sur 3 dans le monde. Dans la majorité des cas elles sont imputables à une contamination bactérienne ou virale, véhiculée notamment par l’eau, mais aussi par les insectes comme les mouches qui, collectent sur leurs pattes des résidus de substances fécales et des pathogènes et les déposent sur les aliments, les mains, les visages… L’épidémie de Choléra, infection intestinale aigüe très contagieuse et mortelle, qui touche actuellement l’Afrique Centrale et de l’Ouest est la dramatique illustration de cette réalité.

Mobilisation mondiale dans la lutte contre la mortalité infantile

L’assainissement est avant tout un enjeu majeur de santé publique. D’après le rapport de l’OMS sur l’assainissement de mars 2011, 115 personnes par heure en moyenne meurent en Afrique de maladies associées à un mauvais assainissement, au manque d’hygiène et à la contamination de l’eau. Pourtant quatre pays d’Afrique subsaharienne ont atteint les objectifs d’assainissement des OMD: le Rwanda, l’Angola, le Botswana et l’Afrique du Sud.

Le Rwanda est l’exemple le plus encourageant. Pays pauvre à bas revenu, il a réussi à assurer un accès à l’assainissement pour 54% de sa population grâce à la mise en place d’infrastructures d’assainissement, a des programmes de sensibilisation à l’importance de l’hygiène et de la construction de latrines dans la prévention des maladies. Preuve s’il en est besoin que les OMD sont atteignables s’il y a prise de conscience, volonté politique et d’engagements financiers.

Construire des toilettes est avant tout rentable

Trop souvent tabou, sous-financé et sous-priorisé l’assainissement reste malheureusement un problème négligé lorsqu’il touche les populations les plus pauvres.

L’absence de latrines a pourtant des conséquences graves pour les populations, en particuliers les plus vulnérables, et a un coût très élevé en termes de soins de santé. La force de travail d’un pays ou l’assiduité scolaire sont également affectée par les hauts taux de morbidité diarrhéique Toutefois, au-delà du défi économique et social, l’assainissement représente, une opportunité réelle pour l’économie des états. On estime qu’1 dollar consacré à l’assainissement en rapporte 9[2] (grâce entre autre à la réduction des soins de santé et de l’absentéisme au travail) et entraine de très nombreux bénéfices en matière de développement :

· Réduction des maladies et des journées d’école et de travail perdues, des pathologies associées comme la malnutrition aigue
· Préservation de l’environnement et en particulier de la ressource en eau (le manque d’infrastructures d’assainissement est directement responsable de pollutions des milieux naturels et notamment des eaux de surface),
· Réduction de la pauvreté en favorisant la croissance économique,
· Il contribue même à l’égalité des sexes, l’accès à l’éducation et à la dignité.

Améliorer l’accès aux toilettes, un défi réalisable

Améliorer l’assainissement est pourtant réalisable, en particulier en milieu rural. Cela passe entre autre par la construction de latrines spécifiques et adaptées au milieu, par la sensibilisation des populations aux questions d’hygiène, leur implication et la prise en compte de leur culture et capacités économiques. Ainsi, des programmes innovants tels que l’Assainissement Total Piloté par la Communauté ou ATPC ont permis de grands progrès dans les régions où ils ont été mis en place. Il s’agit de programmes basés sur la sensibilisation et la responsabilisation d’une communauté à l’impact de la défécation à l’air libre et du manque d’hygiène sur la transmission des maladies. Cette prise de conscience pousse les habitants à construire eux-mêmes leurs latrines, à les entretenir et à changer leurs pratiques coutumières.

Les efforts à poursuivre au niveau global sont surtout d’ordre politique. La place de plus en plus importante de l’assainissement lors de réunions internationales telles que le Forum Mondial de l’Eau qui aura lieu à Marseille du 12 au 17 mars 2012 (http://www.worldwaterforum6.org) est le signe encourageant d’une prise de conscience collective née en 2008 (Année Internationale de l’Assainissement des Nations Unies). Les états du Sud doivent désormais prioriser ce secteur dans leur politique nationale et leur budget, tandis que les états du Nord, doivent être prêts à les appuyer financièrement et techniquement.

Pour plus d’informations : http://www.actioncontrelafaim.org

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