« Toulouse Tech University »

Depuis plusieurs mois, de nombreux collègues issus des établissements universitaires du site, ainsi que leurs équipes présidentielles et de direction respectives, sont impliqués dans l’élaboration d’un projet collectif visant la construction d’une grande université de recherche à Toulouse. Cette démarche a d’abord donné lieu à l’adoption d’un texte relatif aux principes fondateurs d’une nouvelle Université de Toulouse, validé à l’été 2021 dans les conseils d’administration des universités et de plusieurs grandes écoles. Un arbitrage collectif a ensuite confirmé en décembre 2021 la volonté de préparer une seule réponse commune à l’appel à projets « Excellence sous toutes ses formes » du Plan d’Investissements d’Avenir 4, qui constitue une opportunité pour accélérer la réalisation de cette ambition.

À trois semaines de l’échéance de l’appel à projets, l’incompréhension est donc grande à la découverte d’une initiative isolée, portée par la présidence de l’université Toulouse III – Paul Sabatier et par la Toulouse School of Economics (TSE), avec le soutien de l’ISAE-SUPAERO, visant la création d’une « Toulouse Tech University ». Outre la brutalité de la méthode et l’agenda de sa publication, cette initiative est problématique à plusieurs titres.

Tout d’abord, un tel projet induit le démantèlement de l’université Toulouse Capitole contre sa volonté : rappelons que TSE ne peut pas s’autodéterminer indépendamment de son université de rattachement. Ce scenario est dès lors impossible à mettre en œuvre en l’état du droit.

De plus, ce projet détourne, à son compte, le projet scientifique construit collectivement par tous les établissements partenaires depuis des mois, pour le plaquer de manière artificielle sur une proposition de structuration institutionnelle peu cohérente avec la réalité du site.

Par ailleurs, malgré les affirmations de ses auteurs, le projet envisagé n’est ni plus ambitieux pour le site toulousain, ni plus assuré d’être retenu dans le cadre de l’appel à projets du PIA4, notamment en raison de son périmètre restreint et de son faible effet structurant.

Enfin, ce projet s’éloigne sensiblement de la perspective que dessinent les principes fondateurs adoptés dans les conseils d’administration des établissements, niant par là même le principe de démocratie universitaire.

Pour cet ensemble de raisons, et parce qu’il signerait une fracture profonde du site, ce projet ne peut être rejoint par les établissements que nous représentons, qui poursuivront leur projet sur la base de la dynamique collective engagée et des mandats reçus par les instances.

Nous continuerons à travailler pour qu’un seul projet toulousain soit porté collectivement, dans l’optique de construire la grande université de recherche que tous les acteurs du site appellent de leurs vœux.

Cette ambition s’appuie sur un projet scientifique co-construit et dont les communautés du site ont déjà pu prendre connaissance. Son volet institutionnel, qui prévoit une trajectoire de transformation, permettra de faire émerger une université dotée de tous les attributs nécessaires à sa reconnaissance par l’État et les organismes de classement internationaux : diplomation, stratégies scientifique et de formation communes, politique de développement international, processus pour nourrir les stratégies communes de moyens RH et financiers… Ce volet peut encore être consolidé par la collaboration de tous, une structuration institutionnelle progressive et adaptée aux besoins des établissements pouvant être affinée.

Nous appelons donc le président de l’université de Toulouse III – Paul Sabatier, le directeur de l’ISAE-SUPAERO et l’ensemble de leurs communautés respectives à revenir au sein du projet collectif qu’ils accompagnent depuis des mois et à s’y impliquer pleinement. Ils y ont toute leur place et pourront y porter certaines des ambitions qu’ils promeuvent. Toute autre voie serait contraire aux engagements pris et aux mandats reçus ; en tout état de cause, elle pourrait faire courir au site toulousain le risque d’un décrochage durablement préjudiciable.

Hugues KENFACK Président de l’Université Toulouse Capitole Emmanuelle GARNIER Présidente de l’Université Toulouse – Jean JaurèsCatherine XUEREB Présidente de Toulouse INP
Bertrand RAQUET Directeur de l’INSA ToulousePhilippe RAIMBAULT Président de l’Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées
Facebooktwitterlinkedin

Catégories :

Catégories