25ES JOURNÉES JEUNES CHERCHEURS EN CANCÉROLOGIE DE LA FONDATION ARC

Les 25es Journées Jeunes Chercheurs en Cancérologie de la Fondation ARC se sont tenues les 18 et 19 novembre derniers à Paris. Elles ont réuni une centaine de jeunes chercheurs venus de toute la France pour présenter leurs travaux, échanger avec leurs pairs et nouer le dialogue avec les donateurs de la fondation. À l’issue de l’événement qui valorise l’excellence de la recherche dans nos régions, la Fondation ARC a décerné les prix Kerner de la vulgarisation scientifique et les prix Hélène Starck de la communication scientifique. Un palmarès qui, selon Éric Solary, président du conseil scientifique de la Fondation ARC, dessine une fois encore l’avenir de la recherche dans notre pays.

Deux jours d’immersion dans l’avenir de la recherche

Chaque année, les Journées Jeunes Chercheurs sont l’occasion pour les nouveaux talents de la recherche et de la médecine de présenter leurs dernières avancées en cancérologie. Il s’agit pour eux de se confronter à un jury scientifique, dirigé par Marie-Caroline Dieu-Nosjean, directrice de recherche au Centre d’immunologie et des maladies infectieuses, mais également d’échanger sur des concepts innovants, afin de poser les bases de collaborations futures. Pour François Dupré, directeur général de la Fondation ARC, « ces jeunes chercheurs constituent la relève. Notre mission est avant tout de les soutenir, de leur donner suffisamment tôt les moyens d’entamer un parcours de recherche. Les prix que nous décernons visent à encourager les talents et à susciter des vocations pérennes ».   

Les prix Kerner de la vulgarisation scientifique

Créés en 2002, les prix Kerner sont attribués chaque année aux trois meilleurs articles de vulgarisation scientifique. Ils récompensent trois jeunes chercheurs en cancérologie soutenus par la Fondation ARC pour leur capacité à rendre leurs travaux accessibles au plus grand nombre. Décernés par un jury composé de professionnels de la presse et de la médiation scientifique, ces prix sont dotés de 1 200 € pour le 1er lauréat, de 800 € pour le 2e et de 400 € pour le 3e. Un prix coup de cœur des donateurs a également été remis cette année. Par ailleurs, les 12 participants sélectionnés ont bénéficié d’une formation en ligne à la vulgarisation scientifique dispensée par l’École de la médiation, partenaire de la fondation.

Les prix Hélène Stark de la communication scientifique

Créés en 1999, les prix Hélène Stark récompensent les meilleurs jeunes chercheurs en cancérologie soutenus par la Fondation ARC. Le jury, composé d’experts nationaux, évalue la qualité des projets, la pertinence des résultats obtenus et leur impact sur la recherche. Il juge également la capacité des participants à expliciter et à présenter leurs travaux. Les 3 prix Hélène Stark de la meilleure communication orale sont dotés chacun d’une bourse de 2 000 €, et les trois prix de la meilleure présentation visuelle (poster) d’une bourse de 1 000 €. Cette année, deux lauréats ont également reçu le prix spécial du jury, assorti quant à lui d’une bourse de 1 500 € destinée à financer la participation à un congrès, une summer school ou encore un workshop international.

Les prix Kerner 2021

1er prix : Luca Simula, Institut Cochin, Paris, pour son étude sur les cellules T du système immunitaire et de comment les aider à obtenir l’énergie suffisante pour tuer les cellules tumorales. Imaginons que nous soyons assis dans un train bondé : pour descendre à temps au prochain arrêt, il nous faut jouer des coudes et dépenser beaucoup d’énergie. C’est pareil pour les cellules T, qui doivent traverser rapidement une barrière de fibres pour atteindre les cellules cancéreuses. L’idée est ici d’optimiser le régime alimentaire des patients, afin d’aider les cellules T à trouver suffisamment d’énergie pour lutter efficacement contre la maladie.

2e prix : Camille Landragin, Institut Curie, Paris, qui s’est intéressée aux premiers stades de développement des tumeurs du sein, et notamment aux modifications de l’épigénome, ce chef d’orchestre qui dicte l’identité des cellules normales et des cellules tumorales. Les premières découvertes de Camille laissent imaginer de nouveaux traitements préventifs qui empêcheraient les modifications de l’épigénome, permettant ainsi de garder toutes les cellules au diapason pour empêcher l’apparition des tumeurs.

3e prix : Yoann Zelmat, faculté de médecine de Purpan, Toulouse, pour son étude sur l’exploitation des mégadonnées contenues dans notre carte Vitale, l’une des plus grandes bases de données médicales dans le monde avec 65 millions d’utilisateurs. L’analyse encadrée de ces données pourrait permettre d’évaluer les médicaments dans des conditions réelles d’utilisation à l’échelle d’une population, afin notamment de surveiller les effets indésirables et d’améliorer la qualité de vie des malades durant leur combat contre le cancer.


Coup de cœur des donateurs : Théo Desigaux, Unité mixte de recherche en bio-ingénierie tissulaire, Bordeaux, pour sa reproduction par impression 3D des tumeurs du sein et de leur microenvironnement à partir de cellules de patientes. Cette technique de duplication permet d’effectuer des tests de traitements sur les modèles ainsi créés, afin d’étudier leurs réactions. Ce qui, au final, aboutit à un ajustement du traitement de chaque malade. Une méthode très innovante, aujourd’hui adaptable à la majorité des cancers solides qui forment une tumeur.

Les prix Hélène Stark 2021

Prix meilleure communication orale, catégorie doctorat : Margaux Lecacheur, Centre méditerranéen de médecine moléculaire, Nice.

Dans la catégorie doctorat, Margaux Lecacheur a été récompensée pour ses travaux sur la mise en évidence d’un mécanisme original impliquant la rigidification des tumeurs dans la biologie du mélanome, cancer de la peau très agressif. Réalisés sous la direction de Sophie Tartare-Deckert au Centre méditerranéen de médecine moléculaire à Nice, ses travaux de thèse s’intéressent à une nouvelle piste thérapeutique pour contrer la résistance aux thérapies ciblées, auxquelles 50 % des patients atteints de ce cancer de la peau sont actuellement éligibles.

Prix meilleure communication orale, catégorie post-doctorat : Annabelle Suisse, Institut Curie, Paris.

Dans la catégorie post-doctorat, Annabelle Suisse a été récompensée pour ses recherches fondamentales sur la perte de chromosomes au cours du vieillissement des cellules souches chez la drosophile. Ses travaux menés avec l’équipe d’Allison Bardin à l’Institut Curie à Paris examinent les conséquences de ces modifications génétiques et visent aussi à apporter un nouvel éclairage sur la transformation d’une cellule souche saine en une cellule cancéreuse.

Prix meilleure communication orale, prix du jury : Alexandre Casanova, Institut pour l’avancée des biosciences, La Tronche.

Lauréat du prix du jury, Alexandre Casanova a été récompensé pour la mise en évidence inédite d’un processus biologique à l’origine de la dissémination des cellules cancéreuses, en particulier dans les cancers du sein triple-négatifs. L’objectif de son travail de thèse, mené sous la direction de Nicolas Reynoird et de Pierre Hainaut à l’Institut pour l’avancée des biosciences à Grenoble, est de comprendre comment bloquer l’évolution métastatique de ces cancers de mauvais pronostic et obtenir ainsi une meilleure efficacité des traitements actuels.

Prix meilleur poster, catégorie Master : Lucie Piram, Centre de recherches en cancérologie de Toulouse.

Dans la catégorie Master 2 Recherche, Lucie Piram, médecin radiothérapeute, a été récompensée pour son remarquable travail d’analyse des résultats porteurs d’espoir d’un essai clinique associant la radiothérapie à l’immunothérapie pour traiter la rechute d’une tumeur cérébrale très agressive, le glioblastome. Mené sous la direction du docteur Soleakhena Ken et du professeur Elizabeth Moyal au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse, son projet visait à extraire par des moyens informatiques et mathématiques des informations contenues dans l’imagerie médicale mais non visibles à l’œil nu. L’objectif de ce travail était de distinguer une progression tumorale, nécessitant une réorientation thérapeutique rapide, d’une pseudo-progression tumorale annonçant en réalité une efficacité du traitement.

Prix meilleur poster, catégorie doctorat : Ludovic Jondreville, Centre de recherche des Cordeliers, Paris.

Dans la catégorie doctorat, Ludovic Jondreville a été récompensé pour ses travaux sur la leucémie lymphoïde chronique (LLC). Son travail de thèse, mené sous la direction de Florence Nguyen-Khac au Centre de recherche des Cordeliers à Paris, a montré comment une anomalie chromosomique dans les cellules leucémiques des patients peut induire une résistance à la chimiothérapie. Certains des mécanismes biologiques impliqués sont accessibles à des traitements ciblés, en synergie avec la chimiothérapie, offrant de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les patients atteints de LLC.

Prix meilleur poster, catégorie post-doctorat : Marion Le Grand, Centre de recherches en cancérologie de Marseille.

Dans la catégorie post-doctorat, Marion Le Grand a été récompensée pour son projet proposant le repositionnement de médicaments afin d’identifier rapidement de nouvelles thérapies potentiellement actives contre des cancers pédiatriques, en particulier le neuroblastome. Au sein de l’équipe d’Eddy Pasquier au Centre de recherches en cancérologie de Marseille, elle s’appuie sur une base de données de cibles biologiques de diverses molécules thérapeutiques qu’elle a identifiées au préalable par des techniques robotiques. Son travail consiste à évaluer par des études précliniques l’intérêt de ces cibles biologiques pour développer des traitements plus efficaces contre les tumeurs des jeunes enfants.

Prix meilleur poster, prix du jury : Florent Morfoisse, Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires, Toulouse.

Lauréat du prix du jury, Florent Morfoisse étudie l’évolution du lymphœdème secondaire, pouvant survenir chez 20 % des patients atteints de cancer après une ablation des ganglions lymphatiques ou certaines chimiothérapies. Aujourd’hui chercheur Inserm à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC) à Toulouse, il poursuit ses recherches initiées par un projet postdoctoral pour déterminer quels sont les mécanismes biologiques impliqués dans la fibrose invalidante induite par cette maladie. Pour la première fois, une intervention médicamenteuse pour prévenir ce trouble pourrait être proposée.

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