Les défis du zéro plastique

Le 30 novembre, l’Ordif, la Région Ile-de-France et l’Ademe, organisent la rencontre régionale Vers une région zéro plastique. L’observatoire présente, à cette occasion, les résultats d’une étude inédite sur le secteur des déchets plastiques en Île-de-France.

L’urgence de la situation

370 millions de tonnes de matières plastiques sont fabriquées chaque année dans le monde, dont 16 % en Europe (60 Mt/an), soit près de 2 tonnes chaque seconde. L’Asie en produit aujourd’hui la moitié dont le tiers par la Chine. 64% des matériaux plastiques produits dans le monde sont intégrés dans des produits dont la durée de vie moyenne n’excède pas cinq ans. 40% sont des emballages dits « à usage unique », c’est-à-dire obsolètes après une seule utilisation.

Entreprises et ménages franciliens jettent plus de 860 000 tonnes de déchets plastiques par an, dont seules 14% sont recyclées (120 000 tonnes) contre 24% en moyenne en France. La Seine relarguerait environ 150 t/an de déchets plastiques, dont 110 t proviendraient de l’Île-de-France : l’équivalent de 3,3 millions de bouteilles d’eau !

Si la Région Île-de-France ambitionne le zéro plastique, la grande variété des types de plastiques jetés par ménages et entreprises, ainsi que la faiblesse du recyclage, appellent des solutions à la fois fortes et diversifiées pour atteindre un premier objectif de 50 % de déchets plastiques recyclés en 2025.

Pour mettre en place des politiques efficaces, encore faut-il parler le même langage.  L’Observatoire régional des déchets a donc réalisé un état des lieux francilien complet et inédit des flux de déchets plastiques collectés, triés et recyclés. Ces données montrent l’urgence à passer de la simple gestion des déchets à une véritable économie des ressources.

Les mauvais élèves du tri : 560 000 t/an d’emballages plastiques non triés

Une grande part des plastiques franciliens, dont 90% des emballages, est jetée sans être triée. Ainsi, seuls 8 % des emballages ménagers et 30 % des emballages professionnels seraient captés pour être orientés vers le recyclageL’Île-de-France produit 560 000 t/an d’emballages plastiques non triés. Le potentiel d’amélioration est donc important.

L’Île-de-France compte néanmoins 58 centres de tri, qui procèdent à l’indispensable travail de fourmi préalable au recyclage : 21 centres de tri dédiés aux emballages ménagers (+ 20 % des plastiques sortants 2016-2018), 34 centres de tri pour les déchets des professionnels, et 3 de l’économie sociale et solidaire (ESS).

Les moyens d’agir

Inventer ou réinventer de nouveaux modes de collecte pour répondre au défi du très faible captage des plastiques : gratifications du geste de tri, collecte par l’ESS, broyeurs chez les gros producteurs, collecte en réseau mutualisé…

Mieux informer sur les débouchés potentiels pour favoriser les investissements nécessaires à une meilleure logistique de captage, tri et conditionnement des résines plastiques. Les filières françaises seraient mieux identifiées et valorisées s’il existait des certificats de recyclage (ex. des papiers de bureau).

Attention aux additifs : autorisés autrefois en fabrication et devenus indésirables en recyclage aujourd’hui (plomb, phtalates, bisphénol A…).

Réduire la production de déchets (prévention) en consommant moins et mieux :  repenser ses modes de consommation (circuits courts, vrac…) ; rechercher la durabilité, la réparabilité et l’écoconception ; allonger la durée et l’intensité d’usage (prêt, location, consigne pour réemploi…).

Encourager la substitution du plastique par d’autres matériaux, notamment dans la commande publique.

Pour Jean-Philippe LUCE, président de l’Ordif

 » Les objectifs que se fixent la Région sont ambitieux. L’état des lieux inédit de l’Observatoire permet de pointer les forces et les faiblesses de ce secteur d’activité francilien afin de mieux cibler l’action publique. La prise de conscience des consommateurs est en cours, mais il faut inciter davantage les industries à éviter les plastiques à obsolescence rapide, notamment les emballages à usage unique. Et, lorsque ce n’est pas possible de prévenir ces déchets plastiques, les producteurs devraient être en mesure de véritablement les capter pour les valoriser au mieux .

Sensibiliser à la pollution colossale des plastiques à usage unique et des emballages ménagers est l’une de mes priorités à la tête de l’Ordif. J’ai arrêté l’usage du plastique à usage unique dans les cantines de ma ville, je dois pouvoir donner l’exemple pour d’autres maires franciliens qui hésiteraient à agir sur ce terrain.

Les start-ups sont créatives, qui trouvent des alternatives aux plastiques, des moyens de le collecter (ex. nettoyage des mers) ou de le transformer, qui relancent la consigne de bouteilles etc. C’est là que les consommateurs, les industriels et les professionnels des déchets doivent aller puiser de quoi freiner cette surproduction délirante d’objets. 

En tant que président de l’Ordif je souhaite favoriser la mise en contact entre les porteurs d’innovations, startuppers, brevets, avec les industries et les professionnels des déchets en Île-de-France, pour accélérer la mutation d’une filière et améliorer le tri et le recyclage, tout en limitant la production à la source. »

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