Devant le siège d’Orano, Greenpeace dénonce les exports de déchets nucléaires français vers la Russie

Ce matin, à 8h30, des militantes et militants de Greenpeace France ont disposé une quinzaine de fûts métalliques faisant figurer un symbole radioactif devant l’entrée du groupe nucléaire Orano à Châtillon, au Sud de Paris, pour protester contre l’envoi d’uranium usé français en Sibérie. Greenpeace France a obtenu la preuve que ces trafics radioactifs, qui étaient réguliers entre 1972 et 2010, ont repris début 2021. Alors que le plan d’investissement « France 2030 » qui sera dévoilé aujourd’hui intègrera des financements pour le nucléaire, la filière démontre une nouvelle fois son irresponsabilité et son incapacité à gérer ses déchets.

Des photos de l’action devant le siège, ainsi que des photos du transport d’uranium usé entre la France et la Russie en 2021 sont disponibles ici.

Suite aux investigations de Greenpeace France, Orano a reconnu par courrier électronique avoir signé un contrat de vente de 1000 tonnes d’uranium usé avec l’entreprise publique russe du nucléaire, Rosatom. Greenpeace a pu observer un des deux exports par bateau depuis le port du Havre vers Saint-Pétersbourg qui se sont déroulés le 20 janvier et le 12 février 2021.

Depuis Saint-Pétersbourg, l’uranium usé est acheminé par train à Seversk (anciennement Tomsk-7) en Sibérie, où il est censé être transformé pour être ensuite réutilisé dans des réacteurs nucléaires russes. Or la Russie dispose déjà d’uranium usé en abondance. Comme par le passé, il est probable que l’uranium usé français soit tout simplement entreposé en Sibérie, pour une durée illimitée et sous une forme ne garantissant pas l’absence de contamination [1].
« Encore une fois, l’industrie nucléaire française tente de camoufler ses déchets. La Russie n’est pas la poubelle d’Orano ou d’EDF. Il est inacceptable de faire porter le poids environnemental et économique du tout-nucléaire français aux citoyens et aux citoyennes russes. Orano, EDF et le gouvernement français doivent prendre leurs responsabilités et arrêter ces trafics de déchets nucléaires », s’indigne Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire à Greenpeace France.

L’uranium usé qu’Orano envoie en Russie est de l’uranium de retraitement, dont plus de 33 000 tonnes s’accumulent dans des hangars à Pierrelatte, dans la Drôme. Officiellement, il est considéré comme une matière « valorisable ». Pourtant, en 10 ans, pas une seule tonne de cet uranium de retraitement n’a été recyclée : le stock grossit de près de 1 000 tonnes chaque année.
« Le recyclage de l’uranium usé est un mythe, bien commode pour les discours autour des prétendues vertus environnementales du nucléaire. En réalité, les réacteurs nucléaires actuels, comme ceux des vingt prochaines années, continueront à produire des déchets dangereux », analyse Yannick Rousselet.
Pourtant, avec le nucléaire miniature de « France 2030 », Emmanuel Macron s’apprête à dérouler le tapis rouge à une fausse solution, trop tardive au regard de l’urgence climatique, trop chère et néfaste pour l’environnement [2].

[1] Un dossier de presse complet « Déchets nucléaires : aller simple pour la Sibérie » est disponible ici.
[2] Greenpeace France proposera une réaction à la présentation de « France 2030 » par communiqué dans la journée.

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