Greenpeace épingle le premier fabricant européen de mouchoirs et de papier toilette



Dans un rapport publié aujourd’hui, Greenpeace révèle comment Essity, qui possède notamment les marques Lotus, Tempo ou Zewa, participe à la destruction de régions clés dans les forêts boréales du Grand Nord.

Ce rapport démontre que l’entreprise s’approvisionne auprès de sociétés qui exploitent des forêts anciennes ou protégées (1), détruisent l’habitat d’espèces menacées, cultivent une espèce de pin considérée comme invasive et mettent en danger le mode de vie des communautés autochtones.

« Les exploitants forestiers sont en train de réduire la forêt boréale en lambeaux. Il est absurde de couper des forêts anciennes pour en faire du papier jetable, souligne Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Essity est un leader mondial dans la fabrication de mouchoirs et de papier toilette mais ne parvient pas encore à montrer l’exemple pour la protection de la forêt boréale.»

En Suède, Essity achète de la pâte à papier auprès de sa société-sœur SCA. Celle-ci prélève des arbres dans des forêts clés identifiées par le gouvernement suédois comme ayant une grande valeur écologique. Ces zones abritent aussi des espèces menacées. En parallèle, SCA replante une espèce invasive de pin (2) qui met en péril le mode de vie du peuple same (3).

En Finlande, les fournisseurs d’Essity achètent de la pâte à papier à l’entreprise publique Metsähallitus, qui exploite des forêts anciennes abritant plusieurs espèces protégées. L’entreprise prévoit d’étendre ses activités à d’autres forêts anciennes.

En Russie, Essity se fournit auprès d’Arkhangelsk Pulp and Paper Mill (APPM), une entreprise déjà épinglée en mars 2017 par Greenpeace (4). APPM envisage en effet de déboiser des zones situées dans la forêt de Dvinsky, l’une des plus vastes forêts primaires de Russie.

«Nous demandons à Essity de faire le ménage dans sa chaîne d’approvisionnement, explique Clément Sénéchal. L’entreprise doit suspendre ses liens avec les fournisseurs qui détruisent les forêts boréales et ne respectent pas les droits des communautés autochtones. »

Les forêts boréales, également connues sous le nom de forêts du Grand Nord, représentent environ un tiers de la surface forestière terrestre et jouent un rôle clé dans la protection de la biodiversité et du climat. Pourtant, moins de 3% de ces forêts sont aujourd’hui protégés.

(1) L’agence suédoise pour la protection de l’environnement (Naturvårdsverket) et l’agence suédoise pour la forêt (Skogsstyrelsen) ont, jusqu’à présent, identifié 366 ‘Skogliga Värdetrakter’ (régions forestières à haute valeur de préservation) dans la région boréale suédoise. L’objectif de cette classification est de mettre un terme à la fragmentation de la forêt suédoise: trop de petites zones boisées se retrouvent éparpillées au sein de vastes paysages déboisés ou de plantations, ce qui est bien sûr préjudiciable à la biodiversité. Reste à voir si le gouvernement suédois traduira cette proposition en mesures efficaces pour garantir la protection de l’ensemble de ces 366 zones forestières.
(2) Entre 1973 et 2014, SCA a planté 300 000 hectares de pins lodgepole, aussi appelés pins tordus, dans le nord de la Suède.
(3) En août 2017, l’association nationale des Sames suédois, Sámiid Rikkasearvi (SSR), a diffusé un communiqué de presse demandant notamment à l’industrie forestière d’arrêter de planter des pins lodgepole, aussi appelés pins tordus, dans les zones de pâturage des rennes.
(4) Voir le rapport de Greenpeace publié en mars 2017, page 27: http://www.greenpeace.org/international/Global/international/publications/forests/2017/Eye%20on%20the%20Taiga_Greenpeace_full_report.pdf



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