Savoir parler avec son banquier


Entre les chefs d’entreprise, qui ont des préoccupations de terrain, et leurs banquiers, soumis à un environnement très réglementé, le courant ne passe pas toujours. Pierre Faucon, associé Baker Tilly France, donne les clés pour améliorer les relations avec son banquier.

On a toujours besoin d’un « bon » banquier. Mais qu’est-ce qu’un bon banquier aux yeux des chefs d’entreprise ? Un banquier qui leur prête quand ils en ont besoin, ou qui leur accorde d’importants découverts sans broncher. Côté banquier, le raisonnement diffère. Pour savoir parler avec son banquier, une règle d’or : entretenir une relation régulière avec lui.

> Les banques sont soumises à des contraintes réglementaires fortes

Les entreprises, avant toute chose, doivent connaître les réglementations auxquelles sont soumises les banques. Celles-ci, aujourd’hui plus que jamais, sont soumises à un environnement très réglementé, avec des contraintes prudentielles et d’analyse de risques assez contraignantes. Elles doivent respecter des ratios d’équilibre pour chaque type de relation clientèle : pour les dettes souveraines par exemple, pour des emprunts plus classiques, pour les autorisations de découvert. Il n’y a encore pas si longtemps, seule la Banque de France notait le bilan des entreprises et leurs incidents de paiement. Mais aujourd’hui, les banques doivent, en plus, disposer d’un système de notation interne propre à chaque établissement ; en général elles définissent des critères complémentaires (secteur d’activité, évènement juridique). Si l’entreprise est bien classée pendant plusieurs années, le banquier en tiendra compte dans ses décisions.

Il faut savoir également que les banques doivent coopérer à la lutte contre le blanchiment d’argent. Elles sont le relais des pouvoirs publics en la matière. Ce qui explique qu’elles ont l’obligation de contrôler les flux financiers de leurs clients. Or, pour une petite entreprise qui n’est pas au courant, devoir fournir des explications sur un virement de 1000 euros en provenance de certains pays relève de l’inquisition.

> Faire connaître son entreprise au banquier

1ère règle d’or : faire en sorte que le banquier connaisse bien l’entreprise et son dirigeant. Le banquier fera rarement le premier pas sauf quand ses clignotants virent aux rouges. C’est donc au chef d’entreprise d’instaurer une relation de confiance. Comment ? En lui fournissant régulièrement – même et surtout lorsqu’il n’y a pas de besoin – tous les éléments qui attestent de la santé de l’entreprise. Concrètement, le dirigeant devra prendre rendez-vous au minimum une fois par an avec son banquier pour lui présenter son bilan. C’est lorsque cela va bien qu’il faut communiquer son bilan. Il pourra au besoin l’inviter à visiter l’entreprise. S’il est en difficulté et qu’il a besoin d’un financement, si le banquier ne le connaît pas, la négociation ressemblera au parcours du combattant.

2e règle d’or : penser à communiquer avec son banquier même quand tout va bien. Au minimum une fois par an, et plus s’il le faut. Le dirigeant ne doit pas hésiter à lui parler de la situation de son entreprise, de ses projets… S’il a des tableaux de bord, il aura tout intérêt à les lui commenter, cela le convaincra de ses qualités de bon gestionnaire. Si un gros emprunt est en cours, il sera nécessaire de l’informer plusieurs fois par an de la situation, pour le rassurer.

> L’informer de tout changement de situation

3e règle d’or : anticiper. Le dirigeant veillera à informer son banquier de tout changement de situation. Par exemple s’il attend un virement de l’étranger, ou un encaissement « atypique ». Si la nature de ses clients évolue : lorsque l’entreprise vient de remporter un marché public, elle doit s’attendre à des délais de paiement bien supérieurs au privé et devra en conséquence négocier, en amont, une autorisation de découvert plus importante. Ou encore lorsqu’on sait qu’une échéance ne va pas passer.

Toujours avoir « un coup d’avance », car les banquiers détestent les surprises. Si le dirigeant sent venir une période économiquement difficile, il doit prévenir son banquier, aller le voir pour lui présenter les mesures qu’il compte prendre.

Si ces règles sont respectées, le banquier sera plus enclin, le moment venu, à coopérer, à accorder un délai supplémentaire, un crédit, un découvert, bref à accompagner le chef d’entreprise.

> L’expert-comptable, un interprète précieux

Dans les relations entre l’entreprise et le banquier, l’expert-comptable joue un rôle d’interprète. Lorsqu’il accompagne son client régulièrement, qu’il lui fournit des tableaux de bord et des budgets prévisionnels, il peut par exemple alerter son client sur des difficultés à venir et rechercher des solutions avec son banquier.

Il peut également se charger du montage de ses dossiers de prêt. A cet égard, l’Ordre des experts-comptables vient de signer des partenariats avec certains réseaux bancaires permettant à l’expert-comptable, pour les entreprises de moins de 20 salariés et pour les demandes de crédit de inférieurs à 25 000 euros, de remplir en ligne le dossier de financement de l’entreprise à partir de ses travaux, réduisant ainsi, dans le cadre des simplifications, les délais d’obtention des crédits à 15 jours. La banque s’engage, en cas de refus du crédit demandé, à motiver sa décision pour permettre à l’expert-comptable d’orienter l’entreprise vers des financements alternatifs (capital investissement, financements publics…).

En résumé, si le dirigeant entretient des relations suivies avec son banquier, qu’il le tient au courant de ses évolutions, bonnes ou moins bonnes, il en tirera tous les bénéfices le moment venu, lorsqu’il aura besoin de lui.

Baker Tilly France en quelques chiffres :

· un réseau fédéraliste de 37 cabinets indépendants répartis sur l’ensemble du territoire français, dans les départements d’Outre-Mer (Guadeloupe et Réunion) et dans la plupart des pays d’Afrique francophone (Algérie, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Maroc, Tunisie, Madagascar et Sénégal)

· date de création : 1974
· 135 associés et 1200 collaborateurs
· un siège basé à Paris avec une équipe de permanents
· chiffre d’affaires : 110 millions d’euros

Baker Tilly France est membre de Baker Tilly International :

· un réseau de 150 cabinets et 610 bureaux implanté dans 120 pays
· date de création : 1989
· placé au 8ème rang des réseaux au niveau mondial
· 25 000 associés et collaborateurs
· un siège basé à Londres avec une équipe de permanents
· chiffre d’affaires : 3,7 milliards de dollars US (2010)

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