La France prête à ouvrir grand les vannes de l’huile de palme



Un document embarrassant prouve le double jeu du gouvernement dans la lutte contre la déforestation.

Greenpeace France et les Amis de la Terre se sont procuré un document émis par la préfecture des Bouches-du-Rhône, détaillant le plan d’approvisionnement de Total pour sa bio-raffinerie géante de La Mède. Le projet, qui fera bondir les importations françaises d’huile de palme de 64%, démontre l’incohérence totale du gouvernement français. Alors qu’il affiche sa volonté de mettre fin à la déforestation importée, il s’apprête à autoriser l’importation massive d’un produit destructeur pour les forêts d’Indonésie et de Malaisie notamment.

550 000 tonnes d’huile de palme seront importées chaque année pour alimenter la bio-raffinerie de Total à La Mède. A titre de comparaison, environ 136 000 tonnes d’huile de palme alimentaire sont consommées chaque année en France [1].

La hausse soudaine des importations françaises d’huile de palme aura des conséquences désastreuses dans les pays producteurs, où cette culture est largement responsable de la destruction des forêts tropicales. Le gouvernement exige de Total que son huile de palme soit certifiée (notamment RSPO) mais aucune certification ne garantit aujourd’hui l’absence d’impacts directs ou indirects sur les forêts. La préservation des forêts, puits de carbone et réservoirs de biodiversité, est pourtant essentielle pour combattre le changement climatique.

“Si Emmanuel Macron entend être un véritable leader de la lutte contre le changement climatique, il est grand temps que l’Etat cesse de soutenir les agrocarburants de première génération, tant sur les plans législatif et fiscal que diplomatique. Quand la France décide d’ouvrir les vannes de l’huile de palme, les grands discours sur la protection du climat sonnent creux”, analyse Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France.

Du fait de la déforestation qu’entraîne la culture du palmier à huile, le biodiesel, dont Total veut abreuver le marché européen à travers sa bio-raffinerie, serait responsable de trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles et aurait donc un impact catastrophique sur le climat [2].

Pour Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre, “ les prochaines semaines sont décisives car l’Europe est en train de réviser sa politique de soutien aux agrocarburants. En juillet 2017, lors de la présentation de son Plan climat, la France a annoncé son intention d’interdire l’utilisation d’huile de palme dans les carburants. Pourtant, elle bloque aujourd’hui les décisions à Bruxelles. La France aura une responsabilité très lourde si elle fait échouer les négociations permettant d’exclure les agrocarburants contribuant le plus fortement à la déforestation ”.

[1] Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt/CGAAER/CGEDD : Jean-Jacques Bénézit, François Champanhet, Marie-Hélène Aubert, Michel-Régis Talon – Rapport n° 16089 http://agriculture.gouv.fr/durabilite-de-lhuile-de-palme-et-des-autres-huiles-vegetales

[2] Valin H, Peters D, van den Berg M, Frank S, Havlik P, Forsell N, Hamelinck C, Pirker J, et al.(2015). The land use change impact of biofuels consumed in the EU: Quantification of area and greenhouse gas impacts. ECOFYS Netherlands B.V. , Utrecht, Netherlands. https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/Final%20Report_GLOBIOM_publication.pdf



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