JÉRÉMIE BEYOU, SKIPPER DE L’IMOCA CHARAL, VAINQUEUR DE LA VENDÉE-ARCTIQUE-LES SABLES D’OLONNE !

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Au terme d’un finish haletant et d’un ultime bord à très haute vitesse parfaitement maîtrisé, Jérémie Beyou a remporté mardi 14 juillet à 20h44’08 » la première édition de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, devançant Charlie Dalin et Thomas Ruyant, respectivement de 50 minutes et 1h10. Le skipper de l’IMOCA Charal aura mis 10 jours 5 heures 14 minutes et 8 secondes pour couvrir 3 284,32 milles, à 13,39 nœuds de vitesse moyenne réelle (11,45 nœuds sur le parcours théorique de 2 807 milles). Peu après avoir franchi la ligne aux Sables d’Olonne, il a confié son bonheur.

Lundi, tu as franchi en deuxième position le dernier waypoint de la course, à 500 milles des Sables d’Olonne, peux-tu nous raconter comment tu as réussi à faire la différence par rapport à Charlie Dalin et Thomas Ruyant ?

Je pense que le point d’empannage hier après le waypoint Gallimard était hyper important, il fallait bien choisir le moment où on se mettait en bâbord amure pour le dernier long bord vers les Sables. Ça se joue ensuite à des micro-degrés de corrections de trajectoires, au moment précis où tu changes de voile – de mon côté, je suis passé de A3 (gennaker, voile d’avant de portant) à J0 (voile moins volumineuse) dans la nuit -, ce sont de tous petits détails qui font qu’au final, j’avais les bonnes voiles et le bon angle pour viser Les Sables d’Olonne, ce qui n’est pas facile à trouver sur un énorme bord de 500 milles. Ce n’est qu’à 30-40 milles de l’arrivée que je me suis dit que j’étais bien parti pour l’emporter, ce dernier bord, c’était champagne sur une mer tout plate, Charal était juste génial. Il fallait en vouloir et j’en voulais énormément.

Quelle saveur a cette victoire pour toi ?

C’est un gros soulagement, parce que j’avais besoin de compétition et de gagner. Je m’étais mis beaucoup de pression sur cette course. Le fait de « retoucher le ballon », pour faire le parallèle avec le foot, m’a fait du bien, c’était important de le faire avant le Vendée Globe, parce que toutes ces questions, je ne me les poserai plus : maintenant, je sais que je suis capable de bien faire et il n’y a pas de raison que ça change. Je pense que je n’aurai plus cette pression à la veille du départ du Vendée, je sais où je vais et comment y aller, c’est une grande victoire.

Il a fallu s’arracher pour décrocher cette victoire ?

Oui, c’était dur, vraiment intense, sur un format inédit et avec pas mal d’inconnues. On manquait clairement de rythme, six mois sans quasiment naviguer, c’est beaucoup, donc les premiers jours ont été difficiles, tu prends des baffes. Et surtout, on a eu zéro répit pendant toute la course, c’était comme une grande Solitaire du Figaro, pendant laquelle il ne fallait rien lâcher, sauf que les bateaux sont quand même beaucoup plus exigeants qu’un Figaro. C’était une vraie belle course !

Quels enseignements vas-tu en tirer dans la perspective du Vendée Globe ?

Nous avons fait pas mal de bords différents, il a juste manqué un bord de portant fort, mais dans tous ces bords, Charal a toujours été bien en performance, et surtout, je me suis bien senti dessus. Je suis très rassuré sur ma capacité à mener le bateau et à tirer dessus à 100%, sans retenue. Pour ce qui est de la concurrence, Charlie et Thomas m’ont constamment donné du fil à retordre, ils naviguent bien, mais il ne faut pas réduire la concurrence à ces deux-là en vue du Vendée Globe, il y en aura d’autres. Mais ce que je retiens surtout, c’est que maintenant, j’ai une bonne vision de ce que je sais faire et de ce que je sais moins bien faire, ça me donne des axes de travail pour encore continuer à progresser. Il faut que je me concentre sur moi-même et que je garde en tête que le Vendée Globe sera très différent de ce qu’on a fait sur cette course : ce ne sera ni le même rythme, ni les mêmes angles et forces de vent. Ce qui était important sur cette Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, c’était de se rassurer sur le binôme Charal-bonhomme, de retoucher à la compétition et que ce soit concluant.

Tu disais avant le départ que ta victoire sur la New York-Vendée il y a quatre ans t’avait bien « boosté » en vue du Vendée Globe, l’effet va-t-il être le même avec ce nouveau succès ?

Oui, clairement. Je suis quelqu’un qui se remet beaucoup en question, je suis convaincu que c’est fondamental de sans cesse le faire, donc quand la victoire est au bout, ça permet de lever quelques interrogations. Mentalement, ça fait carrément du bien, il n’y avait qu’une grande course avant le Vendée Globe, il n’y a qu’un vainqueur et je suis heureux que ce soit moi !

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