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Les éléphants, grands perdants de l’année


Les effectifs des populations vertébrées ont diminué de moitié ces 40 dernières années. Parmi les perdants de 2014 figurent aussi les lémuriens de Madagascar et les sonneurs à ventre jaune en Suisse. Cependant des signes encourageants existent pour certaines espèces telles que les tigres, les castors et même les bisons d’Europe, objets d’un programme de réintroduction.

Cette année encore, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a été contrainte d’allonger la liste des espèces animales et végétales en danger. Environ un tiers des espèces recensées dans le monde (22 413) sont aujourd’hui menacées, soit 1125 de plus que l’année passée. Principaux responsables: les changements climatiques, l’agriculture et le braconnage. En 2014, ce sont avant tout les lémuriens, les morses, les éléphants, les thons rouges du Pacifique et nombre d’amphibiens qui ont souffert. Toutefois, nous avons aussi des raisons de nous réjouir: les tigres, les baleines bleues et les gorilles de montagne bénéficient de nouvelles zones protégées. Les castors se portent également mieux et les bisons d’Europe, disparus de nos latitudes, ont été réintroduits avec succès en Allemagne.

Les perdants de 2014

Lémuriens : Selon l’UICN, 94% de toutes les espèces de lémuriens sont menacées. C’est notamment le cas du plus grand et du plus petit d’entre eux, l’indri («en danger critique d’extinction») et le microcèbe de Mme Berthe («en danger»). Ce dernier est d’ailleurs le plus petit primate du monde. Endémiques de Madagascar, les lémuriens pâtissent fortement de la destruction de leur habitat et du braconnage. En effet, 90% de la forêt tropicale de l’île a disparu.

Eléphants d’Afrique : L’an passé déjà, 20 000 éléphants ont été tués par des braconniers intéressés par leurs défenses, et ces activités criminelles se sont poursuivies sans relâche cette année. Pour la quatrième fois consécutive depuis 2010, le nombre de morts par braconnage dépasse celui des naissances: certaines populations sont donc menacées d’extinction.

Morses : Fin septembre, en Alaska, on a assisté à un spectacle inhabituel: 35 000 morses réfugiés sur une plage. En temps normal, ces animaux préfèrent la banquise. Conséquence des changements climatiques, les bancs de glace qui recouvrent l’Arctique ont fondu plus vite que jamais en 2014, réduisant l’habitat de ces grands mammifères marins.

Thons rouges du Pacifique : Le succès croissant des sushis met en péril les populations de thons rouges du Pacifique. Cette espèce figure désormais dans la catégorie « menacé » de la Liste rouge de l’UICN. Pouvant peser jusqu’à 60 kilos, ce poisson carnassier contribue à l’équilibre entre les espèces de poissons. Sa surpêche massive a donc des effets négatifs sur l’écosystème dans son ensemble.

Sonneurs à ventre jaune : Notre besoin de contrôler la nature nous pousse à assécher de plus en plus souvent les petites zones inondables, les mares et les flaques. Or celles-ci constituent l’habitat des sonneurs à ventre jaune. Le nombre de ces amphibiens diminue année après année, si bien que l’espèce a été classée «en danger» en Suisse.

Les gagnants de 2014

Bisons d’Europe : Disparus après la Première Guerre mondiale, les plus grands mammifères terrestres du continent européen font l’objet d’une réintroduction progressive. Un petit troupeau se plaît dans le massif du Rothaargebirge, en Allemagne. Trois petits ont d’ailleurs vu le jour cette année. Au total, plus de 3400 bisons d’Europe vivent actuellement en liberté. Autant de raisons d’espérer que l’espèce survivra à long terme à l’état sauvage dans la nature.

Baleines bleues : La plus grande population de baleines bleues de l’hémisphère Sud est plus en sécurité à présent. En effet, le Chili a fait du golfe de Corcovado une zone protégée: ces 70 000 hectares sont chaque année le lieu de rassemblement de plusieurs centaines d’individus, qui viennent y élever leurs petits. Le WWF s’est battu dès 2005 pour la création de cet espace, dont l’importance est capitale à l’heure où l’on ne dénombre plus que 1400 de ces animaux dans la moitié australe du globe.

Gorilles de montagne : La compagnie pétrolière Soco International met fin à ses activités de prospection dans le parc national des Virunga, notamment grâce à la pression exercée par le WWF et par les 750 000 signataires de sa pétition internationale. La menace qui pesait sur cette région classée au patrimoine mondial de l’UNESCO est pour l’instant écartée. Près de 200 gorilles de montagne sur les 880 encore recensés dans le monde vivent dans ce parc: il est donc impératif de le préserver.

Tigres : Alors qu’il y a un siècle on dénombrait 100 000 tigres sur la planète, il n’en reste plus aujourd’hui que 3200. Le WWF s’est fixé pour objectif de doubler ce chiffre d’ici à 2022, la prochaine année chinoise du Tigre. De bonnes nouvelles nous parviennent du Népal: des mesures de protection visant à enrayer le braconnage et la contrebande ont permis d’accroître de 63% la population de tigres dans la région en quatre ans, portant leur nombre à environ 200.

Castors : Eteints en Suisse dès le XIXe siècle, les castors font un retour remarqué dans le pays ces dernières années. Le WWF a commencé à réintroduire l’espèce en 1968; actuellement, on compte plus de 2000 individus sur le territoire. Ces rongeurs aux dents impressionnantes contribuent à la revitalisation des cours d’eau en les aménageant à leur goût, ce qui profite par la suite à de nombreuses espèces.


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