Le nucléaire, c’est zéro tracas, zéro blablas


Greenpeace publie aujourd’hui un rapport intitulé Fukushima deux ans après : l’industrie nucléaire « irresponsable » (lire l’essentiel du rapport en français : http://act.gp/WFmcgK) décrivant comment l’industrie nucléaire dans le monde est dispensée d’assumer la responsabilité de ses erreurs et des dégâts qu’elle a causés. Au Japon, les victimes de la catastrophe paient le prix fort de ce système qui protège les intérêts des entreprises du nucléaire : deux ans après, elles ne sont toujours pas indemnisées correctement.

Greenpeace demande à ce que l’ensemble des pays nucléarisés dans le monde adopte un système de responsabilité illimitée qui garantisse aux victimes une indemnisation à la hauteur du préjudice subi en cas d’accident.

« L’industrie nucléaire n’a pas à bénéficier d’un statut d’exception et doit être tenue pour pleinement responsable des dégâts qu’elle cause« , déclare Sophia Majnoni d’Intignano, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. « C’est à elle de payer intégralement pour les conséquences d’un accident. Et certainement pas aux citoyens« .

Un statut d’exception pour l’industrie nucléaire

Selon les conventions internationales, le montant maximal prévu pour payer des indemnités aux victimes en cas d’accident est compris entre 350 millions et 1,5 milliard d’euros. Or, la catastrophe de Fukushima aurait coûté entre 49 et 169 milliards d’euros selon les estimations. Ce sont les États, et donc les contribuables, qui règlent l’énorme différence. La responsabilité civile dans le secteur nucléaire doit être étendue à l’ensemble des acteurs de la chaîne de production (fabricants des réacteurs, des turbines, entreprises en charge de la maintenance…) et ne pas faire seulement peser sur l’exploitant la charge d’un accident nucléaire.

Une industrie inassurable

L’industrie nucléaire n’est pas correctement assurée. Ce n’est pas une surprise. La probabilité d’un accident majeur existe et ses conséquences financières se chiffrent à plusieurs centaines de milliards d’euros. Ces données rendent cette industrie inassurable.

« Le nucléaire n’existe que parce que les États le couvrent financièrement et maintiennent le secret sur ses coûts réels et le risque d’accident » précise Sophia Majnoni d’Intignano.

Et en France ?

En France, la situation est particulièrement scandaleuse. EDF assure aujourd’hui ses centrales pour 91,5 millions d’euros par réacteur, en accord avec les textes des anciennes conventions en vigueur depuis les années 1960. Pourtant, l’IRSN a évalué en février 2013 le coût d’un accident nucléaire en France à 430 milliards d’euros. Même lorsque le gouvernement portera cette provision obligatoire en cas d’accident à 700 millions d’euros, ce qui est prévu par les conventions internationales depuis 9 ans, cela restera largement insuffisant.

« Si l’on intègre les conséquences économiques d’un accident nucléaire au coût du MWh, l’électricité nucléaire perd immédiatement son image d’énergie bon marché. Il est impératif de cesser de mentir sur les coûts réels du nucléaire. C’est en intégrant tous ces coûts que l’on se rendra compte que cette technologie représente un fardeau que notre société n’a plus le luxe de se payer » conclut Sophia Majnoni d’Intignano.


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