Rétrospective annuelle du WWF : les perdants et les gagnants de 2012


La tendance à une baisse de la diversité des espèces s’est encore confirmée en 2012. Près d’un tiers de toutes les espèces examinées sont qualifiées de menacées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le WWF présente trois gagnants, mais malheureusement aussi trois perdants.

L’UICN chiffre à exactement 19 817 le nombre d’espèces menacées. Plusieurs milliers d’espèces animales et végétales disparaissent ainsi chaque année. La destruction de l’habitat, la pollution de l’environnement et les interventions directes de l’homme représentent les menaces les plus importantes. Le commerce illégal d’animaux ou de parties d’animaux sauvages connaît ainsi un essor sans précédent, et le braconnage sévit comme jamais en Afrique. Quant à la Suisse, elle n’est pas épargnée par ce phénomène: au moins 40% des espèces animales et plus de 30% des espèces végétales et des champignons sont menacés de disparition. En cette fin d’année, le WWF jette un regard en arrière sur les perdants et les gagnants de l’année 2012.

Perdants 2012

Eléphant africain
Les experts estiment qu’en 2012, plus de 10 000 éléphants africains ont été victimes du braconnage, la plupart parmi les éléphants de forêt d’Afrique centrale. Le commerce illégal d’ivoire est lucratif, une paire de défenses de belle taille rapportant jusqu’à 120 000 dollars. La demande d’ivoire est particulièrement forte au Viêtnam et en Chine, que ce soit pour la sculpture, la production de bijoux ou la préparation de produits médicaux. Et la tendance est à la hausse. Parmi les braconniers, les rangers rencontrent ainsi toujours plus de bandits lourdement armés, opérant en bandes. Le WWF lutte contre le commerce illégal d’ivoire et d’autres produits issus des éléphants grâce à TRAFFIC, le programme de protection des espèces commun au WWF et à l’UICN.

Hirondelle de fenêtre
L’hirondelle de fenêtre niche volontiers sur les façades extérieures des bâtiments. Alors que les zones urbanisées ne cessent de croître, il ressort du recensement de la Station ornithologique de Sempach que la population de cet oiseau a reculé d’un cinquième au cours des vingt dernières années. En 2010, l’hirondelle de fenêtre a donc fait son apparition sur la liste rouge des oiseaux menacés de disparition en Suisse. De nombreux propriétaires détruisent les nids pour éviter que la fiente des oiseaux ne salisse leurs façades. Les hirondelles sont également incapables de fixer leurs nids sur les parois lisses ou en verre. Pour pouvoir survivre à long terme en Suisse, elles ont besoin de suffisamment de surfaces naturelles dans les zones construites. Si l’on continue de bétonner 1 m2 par seconde, cet oiseau insectivore ne sera plus en mesure de trouver suffisamment de nourriture ni de matériel pour construire son nid.

Tortue radiée
Pour la tortue radiée de Madagascar, le pronostic n’est pas bon: en moins de vingt ans, elle pourrait bien avoir définitivement disparu. La déforestation, les pâtures à bétail et la production de charbon de bois menacent l’habitat de cette espèce terrestre. Bien qu’elle soit protégée, elle finit aussi souvent à la casserole, de nombreuses tribus la considérant comme un met de choix. Mais le commerce illégal est encore plus dévastateur: les motifs étoilés de sa carapace en font une espèce très recherchée sur le marché des animaux de compagnie et de l’artisanat. D’après une étude du WWF, 1000 tortues disparaissent chaque semaine, surtout dans le sud-ouest du pays. Depuis 2001, la population de 12 millions d’individus a ainsi été réduite de moitié. Le WWF Madagascar s’efforce de sensibiliser les habitants de l’île à cette problématique et exige que des mesures sévères soient prises à l’encontre du commerce illégal d’animaux sauvages.

Gagnants 2012

Dugong
Le dugong est une espèce de mammifère marin vivant dans les eaux peu profondes le long des côtes des régions tropicales. Il se nourrit essentiellement d’algues. Mais la pêche (chaluts) et la pollution de l’environnement détruisent les prairies d’algues sous-marines. Par ailleurs, les animaux se prennent fréquemment dans les filets des pêcheurs, où ils meurent dans de longues souffrances. Les dugongs de la côte est de l’Afrique peuvent toutefois respirer: le Mozambique a placé sous protection plus d’un million d’hectares de zones côtières. L’archipel de Primeiras e Segundas est composé de dix îles bordées de récifs et abrite les dernières grandes prairies d’algues d’Afrique. Cette immense zone protégée n’assure pas seulement l’habitat des dugongs, des poissons, des tortues ainsi que des baleines ou des dauphins passant au large, mais représente aussi un pas essentiel vers la pêche et le tourisme durables.

Crapaud de jet de Kihansi
Le crapaud de jet de Kihansi n’est pas plus gros que l’ongle du pouce et a été découvert en 1996 seulement. Treize ans plus tard, il avait déjà disparu de son seul habitat connu, au pied des chutes des gorges de Kihansi en Tanzanie. A l’origine de cette disparition: un barrage construit en amont, déviant 90% de l’eau de la rivière. L’habitat du crapaud a ainsi été asséché suite à la réduction du nuage de brume produit par les chutes. Peu après, deux zoos américains ont lancé un programme d’élevage avec 500 crapauds sauvés et sont parvenus à accroître leur population, qui se monte aujourd’hui à 6000 individus. Grâce à un système de vaporisation artificielle, près de 2000 crapauds ont désormais pu regagner leur habitat naturel. Il s’agit de la première réintroduction d’une espèce d’amphibiens déclarée «éteinte dans la nature» par l’UICN.

Sanglier
Les sangliers se sentent comme chez eux en Suisse: alors qu’ils avaient disparu, ils sont de retour depuis les années 1980 et se sont fortement multipliés sur tout le territoire. Les sangliers vivent essentiellement dans les bois, fouillant le sol à la recherche de glands et de frênes, d’herbes, de racines, de souris et d’insectes. Et leur table est bien mise: chênes, hêtres et châtaigniers donnent de nombreux fruits dont nous ne nous servons plus de nos jours. Une population de sangliers peut ainsi plus que doubler chaque année lorsque les conditions de vie sont idéales. Ces omnivores malins s’adaptent également très vite à un nouvel habitat. Ils ont ainsi élargi leur menu de maïs, d’avoine, de froment et de pommes de terre cultivés, au grand dam des agriculteurs. Des indemnités pour compenser les pertes, moins de champs en bordure de forêt et une chasse contrôlée peuvent contribuer à limiter les dégâts.


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