Le déclin de l’empire du mâle? (extraits de la table ronde Meetic – 24 novembre 2011)


Alors que la femme s’est considérablement émancipée, devenant, dans tous les secteurs, aussi compétitive, efficace, voire, parfois, plus performante que l’homme, que reste-t-il à celui-ci? Se sent-il perdu ou, au contraire, libéré d’une certaine pression ? Et, surtout, comment cela se traduit-il dans ses rapports amoureux ? C’est à toutes ces questions et à bien d’autres encore que Meetic, leader de la rencontre en ligne, a cherché des réponses en organisant, le 24 novembre dernier, une table ronde sur le thème du déclin, réel ou supposé, de l’empire du mâle. Un sujet passionnant pour lequel trois experts des relations homme/femme ont accepté de croiser leurs points de vue : Françoise RAULT, docteur en sociologie, Sophie CADALEN, psychanalyste et écrivaine, ainsi que Thomas CHAUVINEAU, journaliste et chroniqueur

LES HOMMES SONT-ILS LES GRANDS GAGNANTS DE L’ÉMANCIPATION FÉMININE ?
Ces dernières années, les femmes n’ont cessé de conquérir de nouveaux territoires. Plus libres que jamais, elles ont, pour la plupart, acquis leur indépendance financière. En devenant ainsi dans le couple les égales de leurs partenaires masculins, elles ont forcé le rééquilibrage des rapports de forces.

« Aujourd’hui, se mettre en couple découle d’un vrai désir d’être avec l’autre, encore plus vivant qu’avant et plus seulement d’un besoin de se sentir protégé », explique Sophie CADALEN. « Elle est là, la véritable aventure, à la fois passionnante et effrayante. »

Thomas CHAUVINEAU estime, quant à lui, que la principale difficulté pour l’homme dans une relation est de réinventer son fonctionnement. « Dans le couple, il y a désormais l’idée que nous pouvons nous reposer sur l’autre de temps en temps. Il y a quelques années, l’homme devait refouler sa sensibilité. Aujourd’hui, il peut pleurer sans subir de quolibets. Il s’autorise à avoir des sentiments et à les exprimer », souligne-t-il.

L’homme aurait-il donc tout à gagner dans l’émancipation des femmes ? C’est en tout cas l’avis de Françoise RAULT, qui affirme que : « Les conquêtes de ces dames ne se sont pas faites au détriment de ces messieurs, qui restent d’ailleurs très présents dans les sphères politique et économique. Au contraire, elles l’ont souvent été au bénéfice des deux. » Ainsi, le droit de vote n’a pas empêché les hommes de se rendre aux urnes, tout comme la contraception féminine a profité au couple, en permettant de séparer procréation et sexualité.

OÙ SONT LES HOMMES… « VIRILS » ?
Entre alors en scène le concept d’homme-objet, qui fleurit sur Internet, mais aussi celui de l’homme qui prend soin de lui, s’épile, fait de la chirurgie esthétique pour paraître plus jeune… Ainsi, l’homme viril, au sens de « puissant » sexuellement, moralement et physiquement, semble parfois mis à mal. D’autant que, selon diverses études scientifiques, en cinquante ans, il aurait perdu 50% de sa substance séminale.

Pour Sophie CADALEN, « ramener l’assurance du masculin ou du féminin à des choses telles que la diminution du nombre de spermatozoïdes ou le rétrécissement de la taille des hanches pour les femmes a quelque chose d’absurde et de terrible. »

Thomas CHAUVINEAU estime, quant à lui, qu’il existe une confusion dans ce que nous appelons médiatiquement « la perte de virilité de l’homme », qui oppose l’image traditionnellement machiste à une vision plus féminine du masculin : « Aujourd’hui, dans les magazines féminins, nous trouvons des articles sur les crèmes de beauté pour hommes, ce qui amène certains à s’interroger sur ce qu’ils auraient perdu ces dernières années. Personnellement, je tournerais la question autrement : qu’avons-nous gagné ? Et je répondrais : une place au sein de la famille, qui n’existait pas à l’époque de nos pères. La confiance en soi ne passe plus par la virilité sexuelle supposée, mais par des projets d’avenir qui se forment dans le couple. »

Une réflexion qu’approuve Françoise RAULT, qui en profite pour revenir sur l’identification du masculin : « Pourquoi un homme ne pourrait-il pas porter de jupe ou se maquiller ? En quoi cela le rendrait-il moins ‘homme’ ? Il n’existe plus une seule manière d’être au masculin. Dans notre société, les attributs tels que le maquillage ou les vêtements sont encore considérés comme inhérents à la construction et à la définition des sexes. Si on affirme que, désormais, ces codes sont partagés et négociables, les choses se compliquent. »

LES RÈGLES DU JEU ONT-ELLES CHANGÉ ?
Payer la première fois au restaurant, tenir la porte à une femme, la laisser passer devant… : pour 95% des femmes inscrites sur Meetic, la galanterie chez un homme est une qualité importante. Et ces messieurs jouent le jeu, puisqu’ils sont 92% à accepter de payer le café ou le repas lors d’un premier rendez-vous(1). Une réalité assez paradoxale à une époque où ces dames revendiquent une parfaite égalité de traitement.

Sophie CADALEN trouve intéressant de se dire que, dans un moment où les codes sont plus flous, les hommes et les femmes tentent de se rattacher à ce qu’ils connaissent. « Dans le domaine de la séduction, nous sommes dans le quiproquo, l’incompréhension, l’ambivalence », poursuit-elle. « C’est pourquoi, nous nous accrochons encore plus aux choses immuables, comme le fait que ce soit aux hommes de payer lors d’un premier rendez-vous. Les femmes sont très exigeantes et revendiquent un certain nombre de droits, mais, finalement, elles ne l’assument pas encore totalement. »

Françoise RAULT ajoute : « La question de savoir ‘Qui paie le café ?’ est, dans ce sens, dérisoire par rapport à la relation et pourtant essentielle. Si l’homme ne le fait pas, il passe pour un radin ou un malotru, dans le cas contraire, pour un macho. Il y a donc une grammaire implicite du café ou du repas qu’on se laisse offrir et une représentation encore très inégale des rapports entre hommes et femmes. »

DE VRAIS ROMANTIQUES FACE À DE GRANDS PRÉDATRICES ?
Sur le terrain de la séduction, les femmes ont pris les devants ces dernières années. Grâce à des sites comme Meetic et des séries comme « Sex & The City », elles ont appris à revendiquer leur désir et à faire le premier pas.

« Aujourd’hui, les femmes peuvent se révéler aussi prédatrices que les hommes en matière de séduction. Elles assument une sexualité pleine et entière et le champ des possibles leur est ouvert », note Thomas CHAUVINEAU.

Une affirmation que Sophie CADALEN tempère, toutefois, en rappelant que la conquête des femmes dans le domaine de la séduction et de la rencontre reste à faire : « Ne nous laissons pas bercer par des discours bravaches, qui prétendent que les femmes pourraient multiplier les aventures d’un soir sans culpabilité. Entre oser une sexualité libérée et l’assumer pleinement, il y a encore un vrai pas à franchir pour elles ».

Le fait que les femmes aient aussi le droit d’occuper le terrain du désir et de la relation sexuelle sans suite permet aux hommes de se positionner sur celui du romantisme. C’est en tout cas l’avis de Thomas CHAUVINEAU, qui pense ainsi que « cette évolution permet aux messieurs d’affirmer, à leur tour, qu’ils souhaitent trouver cette fameuse moitié. Cela ne date pas de notre époque, mais, auparavant, ils n’avaient pas d’espace pour le revendiquer. »

« L’AUTRE » : LA PLUS GRANDE AVENTUE
La vraie difficulté dans une histoire ne serait pas tant le genre de son partenaire – car les couples homosexuels se trouvent confrontés aux même interrogations -, ni l’époque dans laquelle nous vivons, mais bien le fait que notre partenaire soit un ‘autre’.

Sophie CADALEN explique qu’il est utopique de croire qu’il existe une ‘grammaire’ de la relation : « Cela nous arrangerait d’avoir un livre, qui nous donnerait les clés pour réussir notre vie amoureuse. On nous propose un florilège de théories pour fonctionner avec l’autre, mais il n’en existe aucune de valable. Chaque personne est unique et, donc, chaque rapport est différent. »

Pour Thomas CHAUVINEAU, en revanche, les difficultés du couple aujourd’hui viendraient essentiellement d’une injonction de la société à être hyperperformant : « Cette perfection après laquelle nous courons tous gangrène la relation. Chacun étant dans cette quête, il n’y a plus de place pour l’autre. Je suis capable de m’occuper des enfants, alors pourquoi aurais-je besoin d’une femme ? Je gagne bien ma vie, alors pourquoi m’encombrer d’un homme ? »

Les relations homme/femme s’apparentent à un paradoxe, car, tout en ayant envie d’être ensemble, ils ne semblent plus savoir comment s’y prendre pour conjuguer leur duo.

En réunissant 3 intervenants aux sensibilités différentes, la table ronde Meetic a permis de mettre en évidence la nécessité de repenser le schéma traditionnel du couple en prenant en compte l’évolution du masculin et du féminin dans notre société. La complexité du challenge actuel consiste donc, pour les hommes comme pour les femmes, à trouver le juste équilibre entre les idées reçues et l’envie de se créer ses propres codes de vie à deux.

(1) Enquête menée auprès des membres de Meetic et Meetic Affinity (2011).

Sophie CADALEN, psychanalyste spécialiste du couple et écrivaine.
Thomas CHAUVINEAU, chroniqueur sur France 5 et journaliste sur France Inter.
Françoise RAULT, docteur en sociologie, professeur agrégé de sciences économiques et sociales, auteure du texte « L’Identité masculine : permanence et mutations ».
Valentine SCHNEBELEN, responsable marketing de Meetic France et animatrice de la table ronde.

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