La Chine doit libérer le lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo et son épouse


Les autorités chinoises doivent immédiatement libérer les prisonniers d’opinion Liu Xiaobo et son épouse Liu Xia, a déclaré Amnesty International mercredi 5 octobre, un an après la remise du prix Nobel de la paix au militant incarcéré et l’assignation illégale à résidence de son épouse.

Liu Xiaobo a été condamné à l’issue d’un procès inique en 2009 à une peine de 11 ans de prison pour « incitation à la subversion de l’État ». En violation des lois chinoises, il était maintenu en détention au secret depuis décembre 2008. Quant à Liu Xia, artiste et poétesse, elle vit dans un isolement forcé à son domicile de Pékin depuis le 8 octobre 2010.

« Dans les heures qui ont suivi l’annonce de l’attribution à son époux du prix Nobel de la paix, Liu Xia est devenue une quasi prisonnière dans sa propre maison, a indiqué la directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International, Catherine Baber.

« Sans aucune inculpation, sans procès ni aucune autre procédure judiciaire et sans aucun moyen de contester sa détention, Liu Xia a été illégalement placée en résidence surveillée et a depuis lors en quelque sorte disparu, simplement parce qu’elle est l’épouse d’un détracteur bien connu du gouvernement.

« Liu Xiaobo doit être libéré immédiatement et sans condition et toutes les restrictions imposées à Liu Xia doivent être levées », a ajouté Catherine Baber.

Les dernières nouvelles de Liu Xia remontent à février 2011, lorsqu’elle a brièvement réussi à entrer en contact avec un ami.

Durant leur brève discussion en ligne, Liu Xia a confié qu’elle avait le cafard, qu’elle ne pouvait pas sortir et que toute sa famille était retenue en otage.

Seule sa mère, qui vit dans la même résidence, est autorisée à la voir de temps en temps, mais elle fait, comme les autres proches de Liu Xia, l’objet de pressions policières pour ne rien divulguer sur sa situation. Selon les médias, son beau-frère a été autorisé à la voir pour la première fois la semaine dernière.

Selon des sources non officielles, Liu Xia et Liu Xiaobo ont été autorisés à se rencontrer deux fois depuis le mois de janvier.

« En privant Liu Xia de liberté, le gouvernement ne se donne pas la peine de feindre une quelconque légalité », a estimé Catherine Baber.

En mars 2011, les autorités ont assuré au Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, qui enquête sur cette affaire, qu’aucune mesure juridique n’avait été prise à l’encontre de Liu Xia.

Avant qu’il ne soit officiellement arrêté, les autorités ont affirmé que Liu Xiaobo était maintenu en « résidence surveillée », une forme d’assignation à domicile pour les suspects de droit commun et les accusés que prévoit le Code de procédure pénale.

Cependant, contrairement aux dispositions de ce Code, les autorités l’ont emmené loin de chez lui et de sa famille et l’ont maintenu à l’isolement dans un lieu tenu secret.

Amnesty International est extrêmement préoccupée par les projets du Code chinois de procédure pénale récemment rendus publics, qui permettront à la police de détenir des suspects en « résidence surveillée » pendant six mois – mais pas chez eux.

Les proches ne seraient pas avisés des motifs ni du lieu de détention lorsqu’il s’agit de crimes présumés d’ « atteinte à la sécurité de l’État », de « terrorisme », ou lorsque le fait de les prévenir « nuirait à l’enquête ».

« Les autorités chinoises semblent résolues à réduire au silence toute forme de dissidence. Il est temps d’en finir avec cette répression illégale et semble-t-il acharnée visant les militants », a fait valoir Catherine Baber.

En 2011, les autorités chinoises ont foulé aux pieds leurs propres lois et réglementations en plaçant en détention plus de 130 militants, blogueurs et avocats dans le cadre de la répression dite « de Jasmin », avec pour objectif d’empêcher que les manifestations dont le Moyen-Orient a été le théâtre ne se propagent en Chine.

La majorité de ces militants, blogueurs et avocats ont été détenus au secret dans des lieux inconnus en l’absence de toute notification officielle de leur arrestation.

La plupart de ceux qui ont été relâchés gardent le silence sur ce qu’ils ont enduré, par peur d’éventuelles répercussions. Cependant, certains de leurs amis ont pu relater les conséquences de leur calvaire : perte de poids, perte de mémoire, insomnies et autres symptômes de traumatisme.

Ceux qui ont évoqué leur détention – dont l’artiste mondialement reconnu Ai Weiwei, et les avocats spécialisés dans la défense des droits fondamentaux Jiang Tianyong et Liu Shihui – ont révélé qu’ils avaient été battus, frappés à coups de pied, interrogés à maintes reprises, placés sous constante surveillance, privés de sommeil et contraints de rester assis, immobiles, jusqu’à 15 heures durant.

D’autres, dont le blogueur Wang Lihong et le défenseur des droits humains Ding Mao, ont été jugés et incarcérés ou sont maintenus en détention dans l’attente de leur procès pour des crimes présumés, notamment pour « incitation à la subversion de l’État ».

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