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DOSSIER ENQUÊTE MEETIC : 85 % PRIVILÉGIENT L’ANONYMAT SUR LES SITES DE RENCONTRE


Une récente enquête Opinion Way pour Meetic révèle que sur les sites de rencontre plus que sur les autres, les Français tiennent à préserver leur anonymat. En profitent-ils pour déformer la vérité ou, tout au contraire, pour faire tomber le masque des conventions sociales et oser devenir qui ils sont vraiment ? Serait-ce un moyen de réinventer la séduction en l’enrobant de mystère ou une façon de se recentrer sur ses désirs sans se soucier de l’opinion des autres ?

Pour comprendre ce besoin d’anonymat dans la rencontre en ligne, quatre experts ont décrypté le phénomène lors d’une table ronde organisée par Meetic le 23 juin dernier à Paris :
– la psychanalyste Sophie Cadalen, écrivaine et spécialiste du couple,
– Ronan Chastellier, sociologue et maître de conférence à l’Institut d’Études Politiques de Paris,
– David Abiker, chroniqueur sur Europe 1,
– et Johan Le Bail, directeur du service client Meetic.

Éclairage nouveau sur un sujet hautement symbolique.

RESULTATS DE L’ENQUETE :
L’ANONYMAT SYNONYME DE PROTECTION ET DE LIBERTE POUR LA MAJORITE DES FRANÇAIS

Pour plus de la moitié des personnes interrogées par OpinionWay, l’anonymat sur Internet est une véritable préférence et c’est même une prédilection sur les sites de rencontre (85%). Une discrétion perçue avant tout comme un synonyme de protection pour 93% des Français, quels que soient leur âge, leur sexe ou leur situation maritale.
Contrairement aux idées reçues, cet anonymat ne cacherait pas une volonté de dissimuler ou de mentir sur qui l’on est vraiment, puisque 74% des interviewés réprouvent ce type de comportement.
Il ne s’agirait pas non plus d’y perdre en authenticité : 72% des femmes et 65% des hommes estiment en effet que cet anonymat leur permettrait de s’exprimer plus librement.
On est ici bien loin du mythe qui voudrait que ne se trouvent sur les sites de rencontres que des affabulatrices ou des hommes mariés, dissimulés sous des profils frauduleux et prêts à tout pour multiplier les conquêtes.
Meetic, qui est régulièrement témoin de la naissance de belles histoires, le prouve chaque jour : l’anonymat sur Internet préserve de tout, sauf de l’amour.

TABLE RONDE MEETIC :
L’ANONYMAT SUR INTERNET : GARDE DU CŒUR DES RELATIONS AMOUREUSES ?

JEU DE MASQUE, JEU DE SEDUCTION
Curieusement, alors que dans notre société l’anonymat fait peur, ou du moins crée un sentiment d’insécurité, dans le cadre de la rencontre sur Internet, il est tout particulièrement recherché. Une situation qui peut sembler paradoxale et pourtant : « Dans la culture moderne, l’anonyme est celui qui cache son visage, c’est le méchant : celui de vendredi 13 qui a un masque et une hache et qui découpe les gens. » Explique le journaliste David Abiker. «C’est aussi le sans-papiers, victime moderne de notre système ou le vagabond qui n’a pas d’identité. L’invisible est inquiétant. Pourtant, si l’on revisite 2000 ans d’Histoire on se rend compte que l’anonymat est quelque chose qui nous entoure de façon familière et affectueuse.»
Le plus grand mythe de la tentation du mal et de la séduction tourne ainsi autour de l’anonymat ou de la dissimulation de l’identité puisqu’il s’agit du mal entré au jardin d’Éden sous les traits d’un simple serpent.
« Il y a là quelque chose d’ambivalent dans cette figure du mal symbolisé par le diable anonyme déguisé en serpent et le plaisir merveilleux qu’éprouve Ève à se laisser tenter par ce qu’elle ne connaît pas et veut découvrir. » Ajoute David Abiker.
En effet, l’anonymat est porteur de mystère, de fascination et d’attirance : le succès des bals masqués de Venise, prétextes à tous les excès ; Zeus se transformant en taureau pour enlever la belle Europe ; Marivaux proposant son jeu de l’amour et du hasard…

«L’anonymat va ouvrir le champ du fantasme, de l’imaginaire, mais il est toujours partie prenante dans la relation. Même lorsqu’on s’est rencontré, même quand on connait son âge, son nom, on imagine quelque chose de l’autre et les étapes successives vont modifier cet imaginaire. » Précise la psychanalyste Sophie Cadalen.

PEUT-ON RESTER TOTALEMENT ANONYME SUR UN SITE DE RENCONTRE ?
Sur Meetic, les membres sont invités à se présenter dans un message, à mettre une photo d’eux, à donner leur âge, mais aussi leurs centres d’intérêt et à s’identifier par un pseudo : autant d’informations qui permettent de cerner une personne dans les grandes lignes.
« Dans le choix du pseudo, on retrouve un peu les mêmes projections, les mêmes arbitrages qu’un parent fait lorsqu’il donne un prénom à son enfant. » Note Johan le Bail, directeur du service clients de Meetic. « Dès qu’il y a une star montante, des pseudos liés à cette personne fleurissent sur Meetic comme c’est aussi le cas dans les cours de récré, parce qu’il y a une attirance, un désir de ressembler ou de revendiquer les codes véhiculés par cet artiste. Toutefois, le pseudo le plus fréquemment utilisé sur Meetic reste le prénom du membre lui-même, reflet de son identité et auquel il reste très attaché.»
De la même façon, décider de mettre sa photo sur son profil, c’est lever une grande partie de l’anonymat et prendre le risque d’être reconnu. Est-ce pour autant une façon de légitimer sa démarche, de l’inscrire dans une plus grande « honnêteté » ? Pour Sophie Cadalen, la réponse est clairement non : « Montrer sa photo ne signifie pas que l’on est plus « vrai » ou que l’on se présente davantage. Une photo, c’est un instantané, une image qui ne va pas raconter qui on est vraiment et qui ne doit surtout pas être confondue avec l’identité sociale de la personne. Elle n’entrave en rien le champ du désir, ni de ce que l’on s’autorise ou non à dire. »
Pour David Abiker, là où une personne en dit le plus long finalement, c’est dans sa façon de se décrire : « Les fautes d’orthographe, les tournures de phrases, le vocabulaire utilisé, la façon de se raconter aux autres… sont souvent révélateurs d’un certain sociotype. »

L’ANONYMAT COMME REVELATEUR DE SON MOI PROFOND
Pour ses détracteurs, l’anonymat sur un site de rencontre serait un moyen de se dissimuler, de mentir sur sa véritable identité. Or, si nous portons tous un masque dans la vie réelle, du fait des conventions sociales qui ne nous permettent pas toujours d’exprimer pleinement notre moi profond, derrière un ordinateur, on se découvre souvent plus facilement, sans crainte du jugement de l’autre.
Un avis partagé par Sophie Cadalen : « Contrairement aux idées reçues, l’anonymat sur un site de rencontre permet l’émergence du sujet. Sur Internet, les gens se présentent souvent d’une certaine manière plutôt valorisante, voire exagérée. En fait, ils contournent cette espèce de CV obligatoire qui est de mise dans la vie courante : où je suis né, quel métier je fais, où j’habite, etc. Les personnalités s’y révèlent souvent plus délirantes, plus complexes et osent se livrer, affirmer leur côté romantique ou se dégager d’une certaine pudeur. Mais, quelle que soit la façon de se présenter, cela parle de nos désirs intimes : pas forcément de qui on est dans notre quotidien, mais de ce vers quoi on tend. »
L’anonymat permettrait ainsi, selon le sociologue Ronan Chastellier, de trouver la bonne distance par rapport à soi-même. Il est ainsi possible, derrière l’écran, d’éviter de se définir de manière trop cursive, via des critères objectifs incontournables dans la rencontre physique : son âge, son look, son métier. Cet anonymat permettrait de « développer une espèce d’imaginaire de réserve et de devenir, d’une certaine manière, créateur de soi-même. »

SE DEGAGER DES CONVENTIONS SOCIALES
Sous couvert d’anonymat, on livrerait ainsi plus facilement et rapidement des choses très intimes sur soi.
« Quand vient le moment de la rencontre en face à face, alors que l’on s’est livré intimement sur Internet, nous enfilons de nouveau notre costume social, hérissé de bienséance. » Intervient Sophie Cadalen. « Il me semble que beaucoup de gens se dévoilent plus allègrement et plus largement sur un site de rencontre parce qu’ils y sont anonymes, alors que dans la réalité, ils jouent constamment le jeu de ce qu’ils sont censés être. »

Dans le cadre de la rencontre amoureuse, l’anonymat présente également un côté très pratique qui permet d’esquiver certains codes. Ainsi, lorsque l’on croise quelqu’un en soirée qui nous est présenté par des amis, il est difficile de refuser la rencontre. En revanche lors d’un échange en ligne, rien ne nous oblige à faire la conversation à une personne qui ne nous attire pas. On peut se déconnecter sans avoir besoin de s’expliquer ou de s’excuser.
« Quelque part, dans l’échange sur Internet on se retrouve plus en connexion avec ce que l’on veut et avec qui on est. » Constate Sophie Cadalen.

QUAND MENTIR DEVIENT UNE FAÇON DE DIRE LA VERITE SUR SOI
Dès lors que l’on se présente de façon anonyme à l’autre, l’honnêteté n’est cependant plus la référence et chacun à la liberté de faire face aux déclarations qui lui sont faites avec le scepticisme, la prudence et le recul qu’il jugera nécessaires.
« Lorsque l’on se connecte sur un site comme Meetic, on ne sait pas qui se cache derrière l’écran, ni si cette personne est bien celle qu’elle prétend être. » Poursuit David Abiker. « On accepte alors, en toute connaissance de cause, de jouer ou pas le jeu de la séduction. Tel Spiderman, ce héros dissimulé sous un masque, l’anonyme nous prend au cœur de la toile.»
« Si être honnête c’est dire j’ai fait tel cursus, j’ai eu tel diplôme, j’ai tel salaire, cela ne nous dit absolument rien de l’humanité de la personne, mais génère au contraire des tas de pseudo-vérités. » Poursuit Sophie Cadalen « Où est-elle, la vérité de l’être ? Ne se trouve-t-elle pas dans ses mythes, ses excès, ses affabulations : le mensonge dira vrai de toute façon. »
Pour Ronan Chastellier, nous cherchons tous un Moi idéal qui se définirait par des attitudes du corps, des traits de l’esprit, une façon de s’habiller… Or, cette exhibition de soi correspond finalement très partiellement à la réalité. Sur Internet, en revanche, on peut se construire un Moi plus conforme à ses désirs : « Internet, c’est l’expérience de la profusion du possible face à la limitation du réel. Plutôt que de parler de mensonges, le faux travaille avec le vrai pour construire un être singulier. Comme le disait Osacar Wilde : « il y a une vérité des masques » ».

QUAND L’ANONYMAT REMET EN QUESTION LES CLICHES HOMMES/FEMMES
L’anonymat peut permettre de dépasser le genre et tout ce que ça comporte comme déterminismes et préjugés. Si l’on caricature : en amour les hommes seraient plus offensifs, plus joueurs, plus sexués au sens sexuel du terme, tandis que les femmes seraient plus douces et plus passives. En quoi le fait d’être anonyme sur Internet change-t-il la donne ?
« Il me semble que l’anonymat permet d’exploser cette façon de voir les relations entre hommes et femmes. » Note Sophie Cadalen. « Certains hommes se révèlent ainsi sur le Net de grands romantiques, écrivant des poèmes, rêvant de grandes balades main dans la main. De la même façon, les femmes peuvent se montrer très sexuées, très volontaires dans ce domaine-là, très sensuelles. Il y a quelque chose de soi qui ose parler, qui justement n’est pas tenu à un déterminisme social de genre. »
Un sentiment partagé par Johan le Bail qui constate chaque jour sur les profils mis en ligne sur Meetic, cette « transgression des genres » : « Dans la vie on peut avoir l’impression que les femmes incarnent les sentiments, le romantisme et que les hommes ont une approche de la relation plus pragmatique. Pourtant, à partir du moment où on leur offre un endroit de rencontre anonyme, les choses tendent à s’inverser. Les femmes sont souvent dans des critères très concrets et cadrés « Je recherche un homme comme ci, comme ça », tandis qu’à l’inverse, les hommes se retrouvent souvent un peu perdus, moins sûrs d’eux. »

LA LEVEE DE L’ANONYMAT : UN PASSAGE OBLIGE
Dans le cadre d’une rencontre amoureuse en ligne, si les échanges se sont bien passés, vient le moment de se découvrir lors d’un premier rendez-vous. Une étape cruciale pour la poursuite de la relation, qui dépendra essentiellement du degré d’honnêteté que chacun aura pu avoir avec l’autre jusque-là. L’occasion surtout de lever le voile de l’anonymat et de faire face à celui ou celle qui se cache réellement derrière l’écran.
Pour Johan le Bail, ce passage nécessaire n’est pas pour autant la principale raison de l’échec d’une future relation : « On parle souvent de la possible déception lors de la rencontre physique entre deux personnes qui, jusqu’à présent, n’avaient échangé que par ordinateurs interposés. Bien sûr, l’anonymat joue un rôle dans cette histoire-là, mais je ne suis pas certain, dans ce que j’observe au quotidien, qu’il s’agisse d’une clé si importante. En fait, l’échec d’une relation peut arriver à n’importe quel moment : dès la première réponse à un message, lors du premier rendez-vous où il faut assumer concrètement ses précédents échanges, mais aussi des mois, voire des années après, parce que finalement un couple, c’est quelque chose qui évolue en permanence. »

DE LA NECESSITE DE PRESERVER L’ANONYMAT EN LIGNE
Pour exister, un site comme Meetic doit garantir l’anonymat à ses membres afin de leur donner confiance. Ce qu’ils cherchent sur un site de rencontre, c’est l’excitation que promet la découverte de l’autre avec sa part de mystère et de hasard, mais aussi une volonté de se protéger.
« Si nous incitons nos membres à se dévoiler en partie, nous les obligeons paradoxalement à préserver leur anonymat. En effet, nombreux sont ceux, qui dans leur description, ne vont pas hésiter à renseigner des informations très personnelles, telles que leur nom de famille, l’adresse où ils résident, l’endroit où ils travaillent. Ces personnes méconnaissent le fonctionnement d’Internet et minimisent les risques pour leur sécurité. C’est pourquoi nous supprimons d’office les informations trop précises afin de préserver le plus possible l’anonymat et laisser sa place au fantasme tout en assurant la sécurité de nos membres.» Conclut Johan le Bail.

L’anonymat est une notion bien plus complexe qu’elle n’y paraît dès lors qu’on tente de l’appliquer aux relations hommes/femmes sur Internet. Loin d’être systématiquement synonyme de mensonge ou de duperie, elle apparaît plutôt comme un moyen de séduire, de se protéger, mais aussi de se concentrer sur ses désirs en se libérant du jeu des conventions sociales.
On est ici bien loin du mythe qui voudrait que ne se trouvent sur les sites de rencontres que des affabulatrices ou des hommes mariés, dissimulés sous des profils frauduleux et prêts à tout pour multiplier les conquêtes.
Meetic, qui est régulièrement témoin de la naissance de belles histoires, le prouve chaque jour : l’anonymat sur Internet préserve de tout, sauf de l’amour.

À propos de Meetic
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